Inspirée de la maladie brutale qui a forcé son père à se déplacer en fauteuil roulant, Debbie Lynch-White profite pleinement de la vie | 7 Jours
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Inspirée de la maladie brutale qui a forcé son père à se déplacer en fauteuil roulant, Debbie Lynch-White profite pleinement de la vie

Image principale de l'article Elle profite pleinement de la vie
Serge Gauvin

Debbie Lynch-White a réussi à tirer le meilleur parti qui soit du tempérament fougueux qui est le sien et a su calibrer sa nature passionnée de même que l’intensité qui l’accompagne. Inspirée par son père qui, en moins de deux ans, a été confiné à un fauteuil roulant, l’actrice a fait le choix de vivre pleinement et de goûter chaque moment avec un insatiable appétit. Elle y parvient avec talent!

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Debbie, on te voit actuellement dans Les glaces, une pièce qui invite à réfléchir sur l’après #MeToo. C’est un privilège de pouvoir prendre part à ce discours?

Oui, Les glaces est une pièce de Rébecca Déraspe que nous jouons à Québec jusqu’au 4 février. Je suis tellement fière de faire partie de ce projet! Les gens nous disent que nous faisons œuvre utile. La pièce parle de consentement, de deuxième chance, de réparation. C’est un sujet hyper important! Le théâtre est essentiel: il peut changer des vies. Nous n’avons pas toutes les réponses, mais Rébecca aborde ce sujet sans être moralisatrice. C’est agréable de prendre part à un projet dont on sait qu’il aura un réel impact. Dans la pièce, des hommes dans la quarantaine sont rattrapés par leur passé. Ils retourneront dans leur patelin pour essayer de réparer. On questionne: comment prendre nos responsabilités? Quelles sont les conséquences de ces gestes? On verra les répercussions sur la victime et son entourage. En parallèle, une grande solidarité féminine émergera à travers tout cela. Malgré le sujet de la pièce, on rit beaucoup. Mon personnage est la soupape comique. 

Photo : Serge Gauvin /

Tu es de la distribution de la nouvelle série Les bombes. Peux-tu nous en donner un avant-goût?

C’est de la bombe! (rires) C’est au-delà de toutes nos attentes. C’est notre bébé à Olivia (Palacci), Julie (de Lafrenière), Sarah (Desjeunes Rico) et moi. Ça fait 11 ans que nous rêvons de ce projet. Nous avons rencontré plusieurs embûches et obstacles, et il nous est même parfois arrivé d’avoir envie de tout laisser tomber. Nous sommes sorties de quatre écoles différentes dans les mêmes années. Nous auditionnions donc pour les mêmes rôles. Si, de nos jours, on ose mettre des femmes qui sont grosses à la télévision, il y a 12 ans, lorsque nous nous présentions à des auditions, c’était pour tenir le rôle de la jeune fille ronde qui mangeait en cachette, qui était l’amie de la belle fille et qui ne «pognait» pas, qui n’était définie que par son corps. Nous étions les «toutounes» de la relève! J’ai donc pris l’initiative d’écrire aux filles pour leur dire que, puisque nous étions destinées à nous croiser au sein de ce métier, je ne voulais pas rivaliser avec elles. Je leur ai proposé que nous fassions quelque chose ensemble.

La série tourne autour de la dépendance. Beau sujet en perspective!

Oui, ça se passe dans un centre qui traite les dépendances. Dans la série, on voit la dépendance aux réseaux sociaux, aux narcotiques, au jeu. On voit aussi des problèmes d’accumulation, d’orthorexie. La majorité des dépendances sont fonctionnelles. Mon personnage, pour sa part, a une dépendance au sexe. Quand les quatre filles arrivent au centre, on les place dans la même chambre en se disant que, puisque ce sont quatre grosses, elles doivent avoir le même problème... On les suivra en thérapie et on assistera à l’amitié qui naîtra de leur rencontre. 

Photo : Serge Gauvin / .

As-tu fréquenté la dépendance sous différentes formes dans ta vie, de près ou de loin?

Oui, et je travaille à en régler une actuellement. J’avais toujours été une fumeuse sociale, mais pendant la pandémie, je suis allée trop loin. J’achetais des cigarettes, je fumais chez moi, j’avais hâte de rentrer à la maison pour pouvoir fumer. J’ai senti que c’était devenu une dépendance, que j’avais franchi une nouvelle étape. J’ai arrêté de fumer à la fin de l’année 2022. Je me dis que cette fois-ci, c’est la bonne. Avec la bouffe, j’ai vécu des périodes plus complexes, mais je n’ai pas l’impression d’avoir une dépendance. Je ne prends aucune drogue, je bois modérément.      

Récemment, tu as fait allusion à ta nature intense. Elle est donc sous contrôle?

Effectivement, je suis intense dans tout. Je pense que c’est pour cette raison que je ne prends pas de drogue. Peut-être qu’il y aurait du danger. Peut-être pas non plus, mais ça ne m’intéresse pas. Je ressens surtout une urgence de vivre, ici et maintenant. Je suis dans le moment présent et je profite de l’instant au cas où je mourrais demain. Ce sont ces pensées qui m’ont forgée toute ma vie durant. 

Serge Gauvin

Arrives-tu à identifier d’où te vient le sentiment d’urgence qui t’habite?

C’est à cause de mon père et de ce qu’il a vécu. Quand il est tombé malade, j’avais 14 ans. Voir tomber mon héros, celui avec qui je partageais tout, des activités culturelles aux activités sportives, c’était troublant. Nous faisions tout ensemble, mon père et moi! Le voir tout perdre et se retrouver en fauteuil roulant en moins de deux ans, ça m’a forcée à me connecter aux vraies affaires, à ne rien tenir pour acquis, à être heureuse d’être debout sur mes deux pieds. Oui, il y a une grande intensité en moi, mais je ne fais pas d’excès. J’aime faire la fête, mais personne ne me ramasse parce que j’ai dépassé la limite.

Dans ce cas, disons que ton intensité est équilibrée, calibrée.

C’est le cas. Et je sais que la santé est précieuse. Pour avoir vu mon père la perdre, je sais comme c’est une chance de l’avoir. Cette situation a donc contribué à alimenter mon urgence de vivre. Si ça devait aussi m’arriver, au moins, j’aurai vécu. Dès mon adolescence, j’ai été consciente de cela. En vieillissant, j’ai appris à doser. Je ne veux pas toujours tout vivre à 100 % et ne rien manquer. Je suis heureuse d’être en vie et en santé. J’ai une nature de bonne vivante. C’est tout ça qui a contribué à faire de moi la fille que je suis.

Serge Gauvin

Ton intensité témoigne de ton appétit pour la vie, de ton désir de te réaliser pleinement?

Oui, et j’ai cette intensité dans la vie, et aussi dans mon travail. Mais jamais au détriment des autres. Je suis une fille d’équipe. Parfois, j’ai l’impression d’avoir huit tiroirs d’ouverts en même temps. Je n’arrive pas à faire autrement. Dès que j’ai du temps, je le comble. Quand le projet de La Bolduc s’est terminé, j’ai eu trois mois de congé. J’en ai profité pour commencer une maîtrise. C’est le fruit de cette intensité! Parfois, je me dis qu’il faudrait que je me calme, car je ne veux pas que ce soit rushant pour les autres. 

Tes parents ont-ils été des modèles d’intensité?

Oui, j’avais des parents actifs, qui s’impliquaient dans différentes activités. Ils aimaient recevoir la famille à la maison. La famille Lynch, en particulier, est composée de gens actifs et travaillants. Les femmes Lynch sont des femmes fortes, qui se relèvent quoi qu’il arrive. Mes oncles et mes tantes sont des gens d’action et de nature généreuse. Alors oui, je retiens d’eux. J’ai eu ce modèle familial. À 12 ans, si la famille venait nous visiter, j’organisais et planifiais le week-end. Je suis, depuis toujours, la gentille organisatrice. (rires) J’ai toujours eu cette fougue, même jeune.

Comment ta blonde compose-t-elle avec ton tempérament fougueux?

J’ai besoin d’elle, entre autres, parce que parfois, quand c’est nécessaire, elle est capable de m’inviter à me calmer. Je crois que par moments, c’est difficile pour elle. Je suis intense si on se chicane, je suis intense si j’ai de la peine. J’apprends à doser et à mettre l’énergie à la bonne place, mais elle trouve parfois que c’est beaucoup et elle me le dit. Cette année, j’ai beaucoup été absente. Parfois, elle sortait avec des amies et elle m’écrivait pour me dire que c’est toujours plus agréable quand je suis là. Elle sait que je mets le party dans la place. C’est un côté de mon intensité qu’elle apprécie. Il m’arrive, pour la taquiner, de taper mon alliance sur le comptoir et lui dire que ça, c’est le bruit de l’alliance éternelle qu’elle a choisie... (rires) Au début de notre relation, je lui ai promis que nous n’aurions pas une vie plate. Quand c’est intense dans notre vie, je lui rappelle que je le lui avais promis... 

Serge Gauvin

Finalement, tu as plus gagné que perdu à cause de ta nature enthousiaste?

Oui, mais c’est un apprentissage. J’ai appris à laisser la place aux autres, car je peux parfois en mener large. En vieillissant, j’ai appris à mettre la pédale douce pour ne pas être juste celle qui prend de la place. Car dans les faits, les autres m’intéressent vraiment et j’ai envie de les entendre...

En terminant, as-tu d’autres projets au programme?

Oui, j’ai des projets à venir dont je ne peux pas parler pour le moment, mais actuellement, je tourne une nouvelle série documentaire qui s’appelle Amour libre. C’est avec la même équipe qu’Histoires de coming out, mais c’est un documentaire différent. Je questionne l’engagement en 2023. Comment vit-on l’amour de nos jours? Comment vivons-nous le couple? Quels sont les modèles? Je tente de faire un état des lieux de l’engagement. C’est très immersif comme projet. Je suis allée à la rencontre d’asexuels, de libertins, de polyamoureux, de couples ouverts. Je vais aussi à la rencontre de couples monogames, un modèle qu’on a fait exploser ces dernières années. C’est donc un portrait de la vie de couple que chacun adapte à ce dont il a envie. Comment vit-on l’amour? C’est la question à laquelle je tenterai de répondre... 

Les bombes, jeudi 21 h, à Séries Plus. Amour libre sera diffusée en avril prochain sur MOI ET CIE.

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