À bientôt 70 ans, Guy Nadon souhaite profiter de tous les instants de bonheur

En août, Guy Nadon célébrera ses 70 ans, une étape qu’il entrevoit avec calme. Grand-papa de deux petits-fils, l’interprète du président du Québec dans La Maison-Bleue constate que le cycle des générations se poursuit. Conscient du temps qui passe, l’acteur choisit de profiter de tous les instants de bonheur sans les repousser à plus tard.
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Monsieur Nadon, on peut vous voir depuis quelques semaines dans la deuxième saison de La Maison-Bleue à Radio-Canada, mais aussi dans la troisième sur Tou.tv. Votre personnage a encore bien des problèmes!
Oui! Jacques Hamelin continue à gouverner du mieux qu’il peut, mais il fait face à des imprévus. Dans la troisième saison, il a, entre autres, des doutes quant à la solidité des barrages hydroélectriques qui ont fait du Québec ce qu’il est et créé des compétences inégalées dans le monde. Il ne veut pas déplaire aux Américains qui connaissent des pannes d’électricité durant la diffusion de leurs matchs de football... Il cherche des solutions qui s’avèrent bancales! Il fait des erreurs. C’est un sentimental. Il ne se détache pas des gens qui travaillent pour lui, même s’ils ont failli à la tâche.
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Auriez-vous aimé faire de la politique?
Je n’aurais aucun talent pour gouverner un pays! C’est un monde beaucoup trop brutal pour le genre de sensibilité que j’ai. Jean Chrétien a déjà dit qu’on pouvait le poignarder dans le dos, mais qu’on aurait du mal à trouver un endroit où il ne l’avait pas déjà été. Il n’y a rien de pire que la trahison.
Pourtant, vous avez choisi un métier où vous êtes exposé à la critique...
Oui, mais ce n’est pas la critique qui me fait peur, je n’ai rien contre. Chacun a le droit de gagner sa vie. Certaines personnes ont dit que je n’étais pas si bon, mais ça ne m’atteignait pas. J’avais rendez-vous avec le public et avec moi-même en tant qu’interprète. On a déjà fait circuler une pétition pour interdire à un critique de venir voir les spectacles, car il était sans pareil pour détruire quelqu’un.
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Vous ne l’aviez pas signée?
Non, j’avais refusé. Cela étant dit, j’ai été préservé, estimé. On m’a fait jouir d’un statut respecté. On avait écrit à mon sujet dans La Presse: «Nadon, c’est un trésor national.» Un ami m’avait suggéré de relire ce passage lors des mauvais jours... J’étais sensible, mais cette sensibilité a toujours été contrebalancée par un cœur ardent et une volonté ferme. C’est avec cela que je voulais faire ce métier. J’avais l’ambition d’un conteur d’histoires.
Le cœur est-il toujours aussi ardent?
Je vais avoir 70 ans en août...
C’est encore jeune!
Je le sais... mais il faudrait expliquer cela à mes épaules et à mes genoux! (rires) Ils en sont moins convaincus! En mars 1972, je m’inscrivais à ma première année de théâtre. Ça fait 50 ans. Je remercie la vie et les gens qui n’ont pas cessé de m’engager, mais c’est sûr que le désir ardent s’est transformé. Comme dans tous les domaines de la vie. J’ai eu de la chance. J’ai tellement travaillé! Je voulais être un acteur utile et j’ai été utilisé.
Comment abordez-vous l’étape des 70 ans?
Un peu plus sereinement que mes 60 ans. Ç’a été un chiffre dur à avaler, mais ce n’est qu’un chiffre. J’ai la nostalgie des épaules et des genoux que j’avais à cet âge! Franchir ce cap ne me dérange pas tellement. La seule chose, c’est que cela devient de plus en plus précis dans mon esprit qu’un jour, je vais sortir de scène de toutes les manières... Ce sera une expérience unique dans ma vie; mais aussi unique que cela puisse être, c’est une chose assez banale dans l’histoire du monde.
Cela vous donne-t-il envie de profiter le plus possible de la vie?
J’ai moins de réticence à faire les choses. Je ne veux pas freiner certains désirs simples. De toute façon, on fait ce qu’on peut avec la vie qu’on a. On est obnubilés par les voyages et l’ambition de faire différentes choses, mais on peut passer la vie dans son jardin. La poétesse Emily Dickinson a passé les 30 dernières années de sa vie sans sortir du sien. Elle n’en avait pas le besoin. Quand j’arrive à passer 48 heures chez moi, c’est un triomphe, alors quand je connais une période où ça arrête, je me sens un peu comme elle: je préfère rester chez moi.
Comptez-vous marquer le coup pour votre anniversaire en août prochain?
C’est ma femme qui veut le faire. Je vais probablement être en train de tourner à ce moment-là. Avec les quelques amis que j’ai, nous ferons une fête avant ou après le tournage.
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Outre l’effet de l’âge, comment va la santé?
Elle va bien. Depuis mon enfance, j’ai les pieds plats et en vieillissant, cette condition a créé divers problèmes d’ossature. J’ai des douleurs persistantes, mais rien que la médecine ne puisse réparer.
Vous êtes grand-père de deux petits-fils, Laurier et Marcus. Quel âge ont-ils?
Ils ont deux ans et demi et bientôt un an, en juillet. Ce sont deux tornades! L’autre jour, ils sont venus manger à la maison. Mon fils et moi avons réussi à nous parler un peu! (rires) Si je veux lui parler, c’est plus facile de le faire au téléphone une fois les enfants couchés... Ils sont craquants. Ils sont stimulés et aimés. Arnaud et sa femme sont des parents que j’aurais souhaités à tous les enfants.
C’est une satisfaction pour vous de voir qu’une autre génération vous succède?
Oui, et quand les petits-enfants se mettent à nous appeler grand-papa, on se rappelle l’avoir fait il y a très longtemps... et que notre grand-père est mort depuis! C’est écrit «Sortie» en rose au-dessus de ma tête, mais pas encore en rouge... Mon grand-père est mort lorsque j’avais 12 ans. Je sais calculer... Ce sont des signes. Les petits-enfants viennent avec beaucoup de joie, mais aussi avec beaucoup de lucidité. La mort ne devrait pas nous surprendre et pourtant, elle nous surprend toujours...
Voyez l’acteur dans la saison 2 de La Maison-Bleue, le lundi à 19 h 30, à Radio-Canada, et la saison 3 sur Tou.tv.
Il jouera dans le film The Z Word.