Mario Dumont revient sur ses 30 ans en politique et en affaires publiques

Que ce soit à la télé, dans le journal ou à la radio, il tient la population informée des grands enjeux. En ces temps peu ordinaires, Mario Dumont garde sa passion intacte pour l’actualité. Rencontre avec un homme qui n’a pas peur d’exprimer son opinion.
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Mario, d'abord, comment vas-tu?
Dans l’ensemble, bien. Je traite la question de la covid-19 de façon délicate, parce qu’on ne vit pas tous ça de la même façon; plusieurs ont eu des problèmes de santé, à cause du virus ou d’autre chose, et ont eu du mal à recevoir des soins. Certains vivent de la solitude. Ça me touche, et, bien que je vive un paquet de contraintes comme tout le monde, je m’estime chanceux de ne rien avoir vécu sur le plan personnel qui en ajouterait à ce qui est déjà compliqué.
Avant les fêtes, tu disais avoir besoin de vacances, mais 2021 a démarré sur des chapeaux de roues!
Je savais que le début d’année allait être intense. Cela dit, je suis revenu plus en forme que d’habitude. Ne rien faire a quand même ses avantages! Et je carbure à une impression que, plus que jamais, les gens en information jouent un rôle plus utile dans la communauté.
Tu es présent à LCN, à QUB radio et dans les pages du Journal de Montréal. Comment réussis-tu à garder le rythme?
Je travaille avec d’excellentes équipes, et ça change tout. L’actualité, c’est ma vie. Écrire dans le Journal me permet d’explorer plus loin, de réfléchir sur des idées qui valent d’être approfondies. Si mon horaire est chargé, il est équilibré, mais il faut dire qu’en semaine, il est réglé comme une horloge suisse. Je dois être très organisé.
Plus que jamais, les enjeux sociaux et politiques suscitent de vives émotions. En tant que commentateur, est-ce dur de garder la tête froide?
C’est vrai, on est tous un peu à fleur de peau. Selon moi, deux phénomènes se sont croisés. D’abord, la pandémie; le dernier grand événement à affecter le monde entier et dont des personnes encore vivantes se souviennent a été la Seconde Guerre mondiale. Depuis, il y a eu d’autres événements majeurs, mais aucun n’a affecté directement autant de gens en même temps comme c’est le cas. On n’est pas entraînés à ça, et ça frappe fort!
Et l’autre phénomène?
C’est Donald Trump; c’est impressionnant d’observer l’impact qu’il a eu sur les esprits. Il a semé un certain chaos dans le monde démocratique et il a créé des tensions qui sont palpables même ici. Tous ceux qui œuvrent dans les médias d’information vivent cette tension. Pour ma part, le fait d’évoluer depuis près de 30 ans en politique et dans la sphère publique m’a habitué à garder un certain recul.
Qu’est-ce qui t’allume tant dans les enjeux que tu abordes?
L’actualité a parfois tendance à devenir un peu unidimensionnelle; quand je sens qu’on oublie un aspect de la nouvelle ou une partie de la population, je sens un devoir de mettre la lumière sur l’ensemble du tableau. Je suis préoccupé par le quotidien de mes concitoyens; ce n’est pas toujours facile de s’y retrouver dans les décisions gouvernementales. La pandémie a des impacts très concrets sur notre quotidien. On veut savoir ce qui nous attend, et prendre les bonnes décisions pour nous et nos familles. Je peux compter sur une expérience de 30 ans en politique et dans les affaires publiques, et ça m’interpelle de partager mon point de vue avec le public.
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Tu as le courage de tes convictions. Y a-t-il un prix à payer pour ça?
C’est sûr! (rires) On ne peut pas donner son opinion sur la place publique et gagner des concours de popularité! Au mieux, on peut gagner le respect de certains. Inévitablement, quand on se prononce sur une variété de sujets, on finit par écorcher des gens, même parmi ceux qui sont habituellement d’accord avec nous.
La critique t’affecte-t-elle, parfois?
Je la vis depuis l’âge de 20 ans, j’y suis habitué. Chacun a son point de vue, et c’est correct. Avec les médias sociaux, c’est parfois un peu intense. Mais en général, je réussis aujourd’hui à séparer ma vie personnelle de ma vie publique.
Tu as fait tes premiers pas tôt dans ce monde. Quel a été ton moteur?
Très jeune, je m’intéressais beaucoup à l’histoire. Je suivais les nouvelles, et j’étais peut-être naïf ou idéaliste, mais je pensais pouvoir participer aux débats de société. La première fois que j’ai pris la parole dans un événement politique, j’avais 17 ans, j’étais intimidé! Mais j’ai vite réalisé que mes points de vue généraient les échanges.
Tes enfants t’aident-ils à garder un équilibre?
Ma famille, c’est l’ancrage fondamental! Chez moi, le souper, c’est le point de ralliement, c’est précieux. Mes enfants ont commencé à quitter le nid ou s’apprêtent à le quitter. Je réalise que je vais devoir m’habituer à une autre façon d’être en relation avec eux.
Comment réagirais-tu si un de tes enfants te disait qu’il veut se lancer en politique?
Comme je le fais pour ceux qui me demandent conseil à ce sujet, je l’aiderais à prendre la bonne décision pour lui-même tout en m’assurant que ses engagements politiques et ses valeurs soient alignés. Puis je lui dirais: «Sois honnête, et aie du fun!»
On peut encore avoir du fun en politique?
C’est plus dur qu’avant, c’est sûr! Les critiques sont plus sévères, voire exagérées envers les politiciens. Il y a plus d’attaques personnelles envers eux.
Il anime Mario Dumont à LCN, en semaine de 10h à 12h, et le balado du même nom sur QUB radio. Il écrit aussi dans Le Journal de Montréal.