«Où es-tu?»: Marie-Claude Barrette raconte la troublante disparition de Sébastien

Sébastien Métivier a disparu le 1 er novembre 1984, à huit ans. Trente-six ans plus tard, il manque toujours à l’appel. Dans le deuxième épisode de la série documentaire Où es-tu?, Marie-Claude Barrette va à la rencontre de Christiane Sirois, une mère qui garde espoir de retrouver son fils.

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Marie-Claude, ça ne doit pas être facile d’aller à la rencontre d’un proche d’une personne portée disparue!
Les premières minutes, je me sens toujours nerveuse. Il faut comprendre que la disparition d’un proche reste une blessure vive, même après plusieurs années. Christiane Sirois et moi, nous nous sommes donné rendez-vous sur un banc de parc, dans le quartier d’Hochelaga-Maisonneuve. Avant de revenir sur le jour fatidique, je lui ai demandé de se remémorer de beaux souvenirs de son fils, Sébastien Métivier. À huit ans et demi, ce beau garçon blond avait, paraît-il, beaucoup de succès auprès de ses petites camarades de classe. Il était apprécié de tous! 

Que s’est-il passé le 1er novembre 1984?
Après l’école, Sébastien et son voisin Wilton Lubin (12 ans) se sont rendus à leur cours de bricolage, à l’église. En soirée, voyant que son fils ne rentrait pas à la maison, Christiane a appelé les policiers. L’église était située à 100 m de leur appartement; Sébastien n’avait pas pu s’arrêter sur le chemin du retour! Comme Wilton manquait aussi à l’appel, les autorités ont privilégié la thèse de la fugue plutôt que celle de l’enlèvement.

Pourtant, le petit Maurice Viens, quatre ans, avait disparu le même jour, dans un autre quartier de Montréal, après être monté dans l’auto d’un inconnu qui lui offrait des bonbons!
C’est exact. Convaincue que son fils avait aussi été enlevé, Christiane est elle-même allée cogner aux portes de tout le voisinage et a placardé des avis de recherche partout dans le quartier. Selon elle, Sébastien n’avait aucune raison de fuguer! C’était un garçon heureux qui adorait sa petite sœur, Mélanie.

Non seulement cette maman devait composer avec la disparition de son fils, mais elle devait également faire face à la lenteur des services de police...
Tout à fait! Ce n’est qu’un mois plus tard, lorsque le corps de Wilton Lubin — qui portait des marques de violence — a été trouvé dans le fleuve Saint-Laurent, que les policiers ont médiatisé la disparition de Sébastien. Christiane Sirois a d’ailleurs dénoncé la situation à maintes reprises: son fils n’avait pas assez de visibilité!

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Son cri du cœur a-t-il été entendu?
Oui. Sébastien a été le premier enfant québécois disparu dont l’avis de recherche a été imprimé sur les pintes de lait, une pratique déjà courante à l’époque aux États-Unis. Par ailleurs, dans la foulée de ces tristes événements, le Réseau Enfant-Retour a été créé. La force, la détermination et la résilience de Christiane m’impressionnent énormément. Elle a carrément fait changer les pratiques en matière de disparition d’enfant! Elle m’a confié qu’elle ignorait avoir en elle cette énergie et cet instinct de survie avant la disparition de son fils. 

Plus de 30 ans après ce drame, comment Christiane se porte-t-elle?
Elle a toujours espoir de retrouver son fils. D’ailleurs, un des moments les plus touchants du documentaire est celui où elle me confie que, tant que le corps de Sébastien n’a pas été découvert, elle ne se donne pas le droit de penser qu’il est mort. Selon elle, ce serait laisser tomber son enfant. Une fois le tournage terminé, nous sommes allées prendre un café. Après avoir partagé d’aussi intenses émotions, je désirais qu’elle reparte le pas léger. Même si Sébastien a disparu, il est toujours présent dans le cœur de sa maman.

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