Geneviève Leclerc, sans demi-mesures | 7 Jours
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Geneviève Leclerc, sans demi-mesures

Image principale de l'article Geneviève Leclerc, sans demi-mesures
Photo : Jean-François Brière

Toujours entière, celle qui incarne les chansons dans leurs moindres émotions nous revient avec un nouvel album. Dans Les duos de Gen, elle nous propose une série de rencontres musicales et s’amuse une fois de plus à réinventer des airs connus. Tout ça en passant de Jacques Brel... à Radiohead. 

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Geneviève, l’interprétation de chansons d’une grande intensité est ta marque de commerce. C’est une fois de plus le cas avec ce nouvel album. 

La chanson, c’est un médium, comme la peinture ou la poésie. C’est un véhicule pour notre message. C’est important d’avoir du contenu, sinon les gens vont nous écouter et trouver qu’on a une belle voix, mais on va perdre leur intérêt au bout de 30 secondes... 

Es-tu aussi intense dans la vie de tous les jours que dans tes choix musicaux? 

Oui. (rires) Je me souviens, j’avais 13 ans et je suis allée voir ma prof de chant pour lui dire que j’avais trouvé la chanson que je voulais interpréter lors d’un récital. Elle s’attendait probablement à la nouveauté du moment ou à une chanson de princesse, mais, quand elle m’a demandé le titre, je lui ai répondu: Just a Housewife! C’est une chanson tirée de la comédie musicale Working. C’est l’histoire d’une femme qui en a sa claque d’être toujours sous-estimée. C’est une mère exceptionnelle, mais son mari ne considère pas que c’est un véritable travail d’être une épouse au foyer. Ma prof m’a dit: « Chérie, tu as 13 ans! Je veux bien, mais qui d’autre va te croire quand tu vas chanter ça? » 

Je présume que tu as choisi de l’interpréter quand même... 

C’est certain! (rires) Après le spectacle, elle est venue me voir et elle m’a dit: « Ils y ont cru! » C’est elle qui m’a fait comprendre que je n’étais pas qu’une chanteuse, mais aussi une comédienne. Elle a insisté pour que je n’abandonne jamais ce côté-là.  

Sur ton album, tu partages le micro avec des gens qui ont des voix bien différentes. Ça a dû te demander une certaine adaptation. 

Marc Dupré m’a dit un jour: «Quand tu chantes avec un invité, c’est lui ou elle qui doit briller. Toi, les gens sont venus pour te voir, alors tu as déjà ta lumière. Laisse la place à l’autre.» Je l’ai tant aimé pour sa générosité, cet homme-là. Et comme je pousse souvent la note au point où je me tombe parfois sur les nerfs, j’ai dû doser. Je n’ai pas eu le choix.  

Quand on enchaîne sur scène des chansons qui demandent une grande implication émotive comme La vie en rose et La quête, ça doit être très exigeant physiquement, non? 

En étant artiste, on est constamment dans l’émotion. Ça peut être dangereux parce qu’on peut en venir à réagir émotionnellement à tout. Ça peut être épuisant à la longue. Ma blonde ne m’endurerait plus si j’étais toujours comme ça. Quand ça m’arrive d’être plus émotive, Georgina me dit: « Il n’y a pas mort d’homme. Prends une pilule! » (rires)  

Pendant la période durant laquelle tu as lancé tes deux premiers albums, tu as vécu de tristes événements, soit la mort de ton père et le suicide de ton frère. As-tu l’impression que tu as réussi à faire ton troisième disque en ayant l’esprit en paix? 

Ç’a été terrible. En plus, il y a un peu plus d’un an, j’ai un oncle qui s’est lui aussi suicidé. C’était le petit frère de ma mère, alors il y a comme un fléau. C’est quelque chose qui m’a affectée. Je travaille beaucoup sur ça en ce moment. Il y a quelque chose qui ne va pas, et ce n’est pas que dans ma famille. Et puis, il y a eu une autre sorte de deuil ces derniers mois, mais quelque chose de paisible qui n’a rien à voir avec la réalité du suicide. Quand je regarde ma grand-maman... Je l’ai emmenée manger pour le jour de l’An. Je la tenais par la main et je lui ai demandé: « Grand-mère, tu veux pleurer ou célébrer? » Elle m’a dit: « Célébrer. On pleurera demain! » 

Ça fait réfléchir... 

Je crois que ça ne va jamais me quitter, mais je fais en sorte que ce soit aussi porteur de positif. Comme parfois, quand j’ai une décision à prendre entre ce qui est connu et confortable ou ce qui est la bonne chose... Aujourd’hui, je choisis de faire la bonne chose, même si c’est plus demandant. Le confort, c’est une illusion. Demain, tout peut changer.  

L’an dernier, Georgina suivait des traitements au Mexique afin de tomber enceinte. Est-ce que ça a fonctionné? 

Non, et je suis tannée. (rires) Je suis allée moi aussi pour le traitement. On m’a annoncé que j’avais plusieurs beaux ovules pour finalement me faire dire, deux jours plus tard, qu’ils ne les trouvaient plus, dans le sens qu’ils ne se sont pas développés. Tout ça après avoir reçu je ne sais quelle quantité d’hormones. Ma blonde pensait me perdre. Il était 2 h du matin, et j’étais certaine que j’étais en ménopause. C’était horrible. Puis elle m’a dit: «Tu sais combien de traitements j’ai subis avant toi? Alors, arrête de te plaindre.» (rires) 

As-tu mis une croix pour de bon sur ton désir d’avoir un enfant? 

Le médecin nous a dit: «Oubliez ça.» Alors, j’ai regardé ma blonde et je lui ai dit: « À un moment donné, la vie nous envoie un message, alors on va l’écouter. » Il y a comme un deuil qui
se fait tranquillement, à la vitesse où il doit se faire.   

Quelques duos de Gen 

Charles Kardos, La quête 

Photo : Collection personnelle

«J’ai toujours aimé cette chanson. Avec Charles, je voulais que ce soit une espèce d’échange qui pourrait être celui entre une mère et son fils, une grande sœur avec son petit frère... Je voulais que ce soit positif. C’était un défi, car il faut trouver la bonne tonalité et sa voix est encore en train d’évoluer, mais il est arrivé vraiment préparé. Il est tellement cute!»  

Sarah-Émilie Chabot, Une histoire d’amour 

Photo : Collection personnelle

«J’ai chanté avec elle au Téléthon Opération Enfant Soleil il y a trois ou quatre ans. Cette femme, c’est un exemple de résilience. Son chum a eu un accident d’auto l’an dernier, alors quand j’ai envie de me plaindre et que je pense au combat qu’ils ont dû mener, j’arrête assez rapidement. J’évite de chanter Une histoire d’amour en spectacle quand elle ne peut pas se joindre à moi, car les paroles prennent un autre sens si je la fais avec quelqu’un qui vit les choses au jour le jour.» (Sarah-Émilie est affectée par le syndrome de Larsen et l’ostéogenèse imparfaite, qui provoquent l’effritement des os et la surdité.) 

Yvan Pednault, Come What May  

Photo : Collection personnelle

«Nous avons gradué ensemble à l’école de théâtre musical et, à l’époque, on tripait tous sur le film Moulin rouge. Quand j’ai dit à ma mère que je cherchais quelqu’un pour faire la chanson, on s’est regardé dans les yeux et on a dit en même temps: “Yvan!”» 

Marie-Élaine Thibert, Quand les hommes vivront d’amour 

Photo : Collection personnelle

«Nous avons fait une super relecture avec mon pianiste Nick Burgess, style musique de film à la Amélie Poulain. Comme il s’agit de Marie-Élaine, je voulais lui proposer quelque chose qui donnait de la crédibilité à ma démarche. Disons que je n’aurais pas vraiment pu lui demander de faire Barbie Girl en duo. (rires) Marie, elle n’est pas plus vieille que moi, mais elle a commencé beaucoup plus jeune à être présente dans les médias. C’était mon idole en grandissant.» 

Martin Giroux, Creep 

Photo : Collection personnelle

«J’ai travaillé avec Martin sur le spectacle Cocktail il y a deux ans, et ç’a été un gros coup de cœur. On n’arrêtait pas de rire ensemble. Cette chanson, c’est vraiment dans son répertoire, alors quand je lui ai proposé de l’interpréter avec moi, il a tout de suite dit oui. Ç’a été très naturel.» 

Briana Victoria, Jar of Hearts 

Photo : Collection personnelle

«C’est une chanson pop. J’adore la relecture que nous en avons faite, qui est quand même très différente de l’originale. J’ai enseigné à Briana trois années avant qu’elle fasse La Voix. Elle avait 15 ans et toutes les mauvaises habitudes qu’on a à cet âge. (rires) Quand je l’ai vue à la télé, j’étais très fière.» 

Le 13e duo 

Photo : Gracieuseté

Changement majeur pour ce nouvel album, Geneviève a elle-même assumé le rôle de productrice. Une décision qui lui a permis d’aller sans compromis au bout de ses idées. «J’aime apporter ma couleur. C’est la beauté d’un projet comme Les duos de Gen. Même sur la pochette, le graphisme est flyé. On a pris une photo, on a peint par-dessus et on a repris une autre photo. Au départ, quand j’ai présenté l’idée, tout le monde m’a dit non, mais je l’ai fait quand même. (rires) Cette image, c’est un peu le 13e duo de l’album entre l’artiste visuel Yunus Chkirate et moi.» L’album Les duos de Gen est offert en magasin dès maintenant. 

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