Ève-Marie Lortie: «je ne changerais rien à ma vie»

Même si elle vient du milieu de l’information, Ève-Marie Lortie a aussi son côté éclaté. À la barre de Salut Bonjour Weekend, l’animatrice peut laisser vivre sa personnalité souriante et pétillante, mais sans jamais négliger la rigueur. Dans le cadre de notre 30e anniversaire, Ève-Marie a accepté de se montrer sous un jour glamour et de se laisser découvrir autrement...
Ève-Marie, tu viens d’entamer ta huitième saison de Salut Bonjour Weekend. Croyais-tu toujours être présente après toutes ces années?
Au début, je voulais faire trois ans et voir pour la suite de choses, mais j’ai vraiment pris plaisir à animer cette émission. J’aime tellement travailler le matin! La passion est présente, l’énergie aussi et le corps suit: tout est en place pour que ça se poursuive.
Si on cumule tous tes engagements à Salut Bonjour, ça te fait combien d’années au sein de cette émission?
J’ai commencé officiellement en 2003 comme présentatrice de nouvelles. En 1997, je collaborais déjà comme journaliste de la région de Québec. Dès le début, Salut Bonjour a été ma maison. Les collègues sont comme des membres de ma famille. Ça me permet de laisser vivre à l’écran une autre facette de ma personnalité: mon côté rieur, allumé, ce qui est moins évident dans un bulletin de nouvelles traditionnel. J’aime l’information, mais j’aime aussi pouvoir cuisiner à la télévision, ou encore rire avec les collègues. C’est avec cette émission que j’ai pu m’épanouir le plus. Je garde toujours en tête les gens pour qui je présente l’information le matin. Je suis là pour accompagner toutes ces personnes, pressées ou non, et ça se fait avec du tact et de la bonne humeur. Ils ont besoin de l’information, mais aussi de sourires. C’est pour cette raison que la recette de l’émission me plaît.
À notre demande, tu t’es prêtée à une séance de photos glamour. Cette facette fait-elle aussi partie de ta personnalité?
Un peu moins, je dois l’admettre. Je n’ai jamais été habile avec la coiffure et le maquillage. Il y a plein de jeunes filles qui ont du style et pour qui ça fonctionne. Pour moi, ça ne marchait pas du tout! (rires) J’ai tout essayé, mais je n’étais pas très douée pour la chose. Je n’étais jamais à la mode. Ça a influencé mon choix de carrière, car je me suis dit que, parce que je n’avais pas le look pour faire de la télévision, je n’allais jamais en faire. Mes balbutiements dans le métier, je les ai donc faits à la radio, loin des projecteurs. J’avais la parole, mais je n’étais pas devant une caméra. Je n’ai jamais été la belle du bal ou du village. Je ne prétends pas être un laideron, mais je ne suis pas celle qui a un look impeccable. Cela dit, je me démarquais différemment. Le maquillage et la coiffure, c’est venu avec la télévision. Heureusement, dans notre métier, nous avons des gens qui nous aident! Je me fais coiffer et maquiller par des pros depuis si longtemps que j’ai appris des trucs. Je prends plaisir aux soirées glamour comme les galas, mais, tous ces préparatifs, ce n’est pas dans ma nature.
Tu n’es donc jamais fâchée d’enlever tes talons hauts en fin de soirée...
Effectivement. Il y a même un côté de moi qui n’est pas très orgueilleux. Je peux sortir du gym et me rendre directement à l’épicerie. Je n’ai plus rien à prouver. La vraie vie, c’est aussi pouvoir se permettre de ne pas toujours être à notre avantage. Quand je parle avec des amies qui n’ont pas la chance d’avoir des professionnels pour les aider, elles me disent que c’est un privilège que de pouvoir être conseillée pour s’habiller, se coiffer, se maquiller. C’est évident. Moi, dans ma vie, ça me pèserait s’il fallait que je m’en occupe.
On t’identifie beaucoup à une femme de tête?
Oui, à celle qui prend des décisions, et c’est vrai que je le suis. Mais dans chaque femme de tête, il y a une femme qui doute. Je suis constamment en questionnement. Je doute énormément. Disons que ce n’est pas vrai que je fonce sans me questionner. Qu’on me perçoive comme une femme de tête, j’en suis très fière, mais il faut savoir qu’il y a toujours une partie de moi qui doute de tout.
On te sait intelligente, cultivée, à l’affût de l’actualité. As-tu un côté plus frivole?
Bien sûr! (rires) Quand je vais dans un endroit où on peut danser et que la musique est bonne, je perds la tête! J’adore danser! J’aime faire la fête, et c’est connu de tous autour de moi. Ce côté festif est très fort en moi.
T’autoriser à lâcher ton fou serait-il une contrepartie à ton métier exigeant?
Je ne sais pas. J’ai toujours aimé la musique forte, j’ai toujours aimé danser. Lorsque j’étais jeune, je courais les partys d’Halloween, j’allais à la disco. J’ai même commencé à travailler dans les bars alors que je n’avais pas tout à fait l’âge légal... (rires)
Et si ta fille lisait ce passage dans nos pages, ça te dérangerait?
Elle est au courant de tout! Je n’ai pas beaucoup de secrets pour ma fille. Lorsque j’ai travaillé comme serveuse, j’ai aimé la vie de bar. J’ai même adoré ça! J’aimais sortir. Même lorsque je me suis séparée durant la trentaine, j’ai renoué avec les planchers de danse à une certaine période. Je voulais m’amuser. Honnêtement, je ne sors plus. Je me lève à 3 heures du matin. La vraie vie fait en sorte que ce n’est pas une fête permanente.
Qu’est-ce qu’on ne connaît pas de toi comme femme, comme amoureuse, comme mère?
Si on ne connaît pas certaines choses de moi, c’est probablement parce que j’ai choisi de ne pas les révéler. Cela dit, je me suis ouverte sur bien des sujets, notamment sur la maternité. Il me semble que j’ai raconté bien des choses au fil du temps! Comme amoureuse, je suis une bonne blonde, mais j’aime avoir raison... (rires) Je travaille très fort à me corriger. Cet été, un de mes oncles m’a demandé: «Est-ce que tu préfères être heureuse ou avoir raison?» Mon oncle Michel est la sagesse incarnée... Je dirais que mon rôle de mère est ma plus belle aventure.
Quel âge a maintenant ta fille, Corinne?
Elle a 16 ans, elle est en cinquième secondaire. Nous avons un beau lien, elle et moi. Nous jasons beaucoup et j’en suis très fière. Je ne suis pas à l’abri d’une décision, d’un éloignement, mais pour le moment, tout va bien et c’est très précieux. Nous aimons faire des road trips juste pour le plaisir d’être ensemble, d’écouter de la musique à tue-tête. Elle me fait découvrir des choses. Corinne étudie au secondaire avec la comédie musicale comme spécialité. Elle découvre les arts de la scène et elle s’est ouverte sur une tonne de choses que je ne connaissais pas.
Cet échange entre vous est des plus intéressants.
Avec Corinne, il y a beaucoup de discussions sur toutes sortes de sujets. Ce partage est très enrichissant. Je chéris profondément nos discussions mère-fille. Je suis très chanceuse. Je le répète, c’est ma plus belle aventure...
Comme le doute fait partie intégrante de la parentalité, commences-tu à avoir des certitudes face à ta fille?
Oui, et je sais qu’elle entre dans une période de sa vie où elle devra prendre des décisions. Elle est aux prises avec de grands doutes quant à son cheminement professionnel. Nous sommes tous passés par là. Ça donne le vertige. La seule chose qu’il faut savoir, c’est qu’on a droit à l’erreur. Il faut le dire à nos jeunes. On peut prendre un chemin qui ne nous convient pas, mais l’important est de ne pas abandonner.
En ce qui a trait à tes activités, comment exprimes-tu ton côté givré?
Pour décompresser, je dois aller dehors. Cet été, j’ai eu l’occasion de faire de belles randonnées en forêt. J’ai un circuit de course qui me mène au bord d’une rivière. Être dehors, respirer l’air, sentir le vent, le soleil, la pluie, ça me fait du bien. J’ai un frère très généreux qui possède une embarcation et il nous emmène faire des tours sur le Saguenay. C’est ma région. Je ne me tannerai jamais du fjord du Saguenay... Lorsque nous avons du temps, nous allons jusqu’à Tadoussac et nous débouchons dans l’estuaire. J’aurais bien aimé m’adonner à la couture ou au tricot. Ma mère et ma sœur étaient bonnes dans le domaine et j’aurais tellement voulu faire comme elles, mais je ne suis pas assez patiente pour la chose...
En contrepartie, tu as un grand talent en cuisine, si je ne m’abuse.
Oui, et j’adore quand mon frigo est bien planifié: je sais ce que j’ai en inventaire, ce que je peux utiliser pour mes lunchs, quels sont les restes, etc. Je sais que j’ai le contrôle de ma vie quand j’ai le contrôle de mon frigo. Je parle ici d’organisation et non pas de rangement. Je ne veux tellement pas devoir jeter de la nourriture! Ma mère me disait toujours que ce qui coûte cher n’est pas de cuisiner, mais de jeter.
Tu nous donnes l’impression d’avoir une vie très proche de celle dont tu as rêvé. Y a-t-il une chose que tu n’as pas eu l’occasion de réaliser?
Il pourrait y avoir des projets complémentaires à Salut Bonjour qui me rendraient encore plus accomplie sur le plan professionnel. Mais si on me donnait une baguette magique en me demandant de changer quelque chose... je ne changerais absolument rien! Même les passages difficiles font partie de la vie. Être vivant, c’est aussi souffrir un peu, mais c’est aussi sourire. Je suis privilégiée: j’ai la santé, un travail formidable, une famille solide, des amitiés qui le sont aussi. Alors non, je ne changerais rien à ma vie...
Une belle complicité avec le 7 Jours!
Depuis ses débuts, Ève-Marie a accordé des entrevues dans nos pages, et ce lien de confiance s’est poursuivi au fil du temps. «La qualité de la publication est établie, les journalistes sont devenus des confidents explique-t-elle. C’est aussi souvent dans 7 Jours que j’ai appris des choses au sujet de mes collègues ou d’éventuels invités sur un plateau. C’est un beau magazine qui rend service aux gens. Chaque fois que je collabore avec un magazine, particulièrement avec 7 Jours, je sais que mon père et ma mère iront acheter leur exemplaire. Mon père est plus intense: il en achète quelques-uns... (rires) C’est un honneur d’être choisie pour faire la une du magazine. Ça veut dire que les gens ont envie d’en savoir plus sur nous, et ça fait un petit velours...»